Déclaration de la FIDH et de plus de 100 organisations membres et partenaires
Nos organisations, engagées dans la défense des droits humains à travers le monde, et dans l’accompagnement des victimes des crimes les plus graves, où qu’ils se produisent et quels qu’en soient les responsables, déplorons vivement le retrait de la Cour pénale internationale (CPI) du Burundi et de l’Afrique du Sud, et exprimons notre crainte que ces premières annonces soient le prélude à d’autres retraits.
Nous souhaitons rappeler avec force que la Cour pénale internationale, qui ne peut intervenir que lorsque la justice nationale, là où les crimes ont été perpétrés, n’a pas la capacité ou la volonté de rendre justice aux victimes, doit aspirer à l’universalité. La ratification par 124 Etats et l’engagement continu de la société civile démontrent que la CPI a un rôle vital à jouer dans la réalisation d’une justice universelle.
L’enquête ouverte sur les crimes commis en Géorgie, et les avancées dans les examens préliminaires ouverts sur l’Afghanistan, la Palestine, l’Ukraine et Iraq/RU, indiquent la direction que vise à prendre la politique pénale du Bureau du Procureur de la CPI à l’avenir. Ces avancées sont tant d’indications de la volonté de la Cour à exercer sa compétence sur les crimes internationaux dont pourraient être rendus responsables des responsables de grandes puissances, telles que les Etats-Unis, la Russie, Israël ou le Royaume Uni, et donc une ambition à l’universalité de la Cour, que nous soutenons avec force. Nous continuerons nos activités de plaidoyer en ce sens, afin d’inciter la Cour et le Bureau du Procureur à
poursuivre cette nécessaire orientation de ses enquêtes.
Si, dans les premières années de son existence, la CPI a ouvert des enquêtes visant des pays africains, rappelons que c’est parce que les Etats africains avaient dans leur grande majorité décidé, dès 1998, de soutenir la création de la CPI en ratifiant largement le Statut de Rome et ont eu un rôle moteur dans l’avancement du mouvement global de lutte contre l’impunité. Ce sont aussi de nombreux Etats africains qui ont saisi la CPI des crimes les plus graves commis sur leur sol.
Nous considérons que ces retraits de la CPI sont une prime donnée à l’impunité. Il s’agit d’une remise en question de l’une des plus grandes avancées du 21ème siècle en matière de justice, dans une période où des crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre continuent d’être perpétrés quotidiennement et à grande échelle à travers le monde.
Ne nous y trompons pas, ce sont les puissants et les bourreaux qui craignent la Cour pénale internationale, et non pas les victimes qui continuent à placer leurs espoirs en la CPI lorsque leur quête de justice ne trouve aucun écho au niveau national. Cela est vrai en Afrique comme sur tous les autres continents : nul ne doit être à l’abri de la justice.
Nous appelons les Etats parties à ne pas se retirer de la CPI et ceux qui n’ont pas ratifié son Statut à le faire dans les plus brefs délais. La justice pénale internationale est cruciale pour faire de notre monde un lieu plus juste et plus sûr. Il ne s’agit pas seulement de rendre compte ou de respect des droits humain, il en va de notre avenir commun.
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